Qu’est-ce que nous avons trouvé dans ce pèlerinage ?

Des coquelicots dans une peupleraie de la plaine du Pô
Des coquelicots dans une peupleraie de la plaine du Pô

Il est bien trop tôt pour y répondre. Une semaine après notre retour, nous sommes à peine revenus dans le monde « normal ». Cependant quelques notions nous viennent spontanément :

 

Le Bien, le Beau, le Bon

L’attitude des gens à l’égard des pèlerins n’a rien à voir avec leur attitude à l’égard de tierces personnes du quotidien.

Le pèlerin est perçu de manière positive : une personne méritante, une personne fragile, une personne que l’on se doit d’aider, une personne qui fait rêver.

Aussi, le pèlerin fait l’objet d’une attention particulière lorsqu’on le rencontre. Il est impossible de faire une liste de ces petits gestes de bienveillance à notre égard, tant ceux-ci furent nombreux et quotidiens.

Peut-être aussi que le pèlerin y est plus sensible, plus attentif. Sans aucun doute !

Pendant la durée du pèlerinage, nous ne percevions de l’extérieur que le Bien, le Beau et le Bon. Jamais nous n’avons été l’objet de rejet, de moqueries, de sarcasmes, d’abandon.

Bien au contraire la sollicitude des gens à notre égard nous a marqué profondément tant elle fut intense, découvrant ainsi l’autre volet de la condition humaine, la capacité à faire le Bien.

 

Lorsqu’au « Petit Catéchisme », on nous parlait de l’état de grâce, nous avions parfois du mal à rendre concrète cette notion.

Nous avons conscience d’avoir vécu cet état de grâce pendant plus de 3 mois.

 

 

La petite colline en face du Monastère de Cella
La petite colline en face du Monastère de Cella

 

La Providence

Le hasard est cette notion qui exprime un manque de cause à effet dans la survenue d’un événement.

La Providence est une notion de confiance en une force supérieure qui apportera une solution à la survenue d’un événement ou à l’exécution d’une tâche.

Partir ainsi plus de 3 mois dans un certain dénuement, c’est inévitablement faire confiance en quelqu’un ou quelque chose qui viendront nous aider aux moments difficiles.

 

Mais, n’est-ce pas de l’insouciance, de la légèreté ?

L’insouciance, la légèreté seraient de minimiser les difficultés, de ne pas vouloir les voir en face et de prendre le risque d’en faire subir les conséquences aux autres.

Nous sommes-nous souciés outre mesure de ce que nous allions manger à midi ? De savoir où nous coucherions le soir ? Rarement !

Nous avons préparé notre pèlerinage avec soins. Mais nous avons confié les aléas imprévisibles à la Providence.

Etait-elle présente à nos côtés ? Tous les jours. Mais peut-être faut-il être dans une disposition spéciale d’esprit ou de réception de la grâce, pour discerner l’action de la Providence.

 

Signes par milliers, traces de ta gloire

Signes par milliers, Dieu dans notre histoire.

 

Ta main, Seigneur, nous a donnés des signes, des signes par milliers

Le chant de l’Univers, le souffle de la mer, la flamme des vivants

Dieu à l’œuvre dans nos temps.

 

 

 

Un petit groupe de pèlerins cosmopolites
Un petit groupe de pèlerins cosmopolites

 

La tolérance

En chemin, nous rencontrons d’autres pèlerins. Au total nous en avons rencontré une vingtaine, certains de manière fugace, d’autres de manière plus profonde.

Qu’est-ce que la rencontre entre pèlerins ?

C’est d’abord la rencontre entre personnes qui partagent le même but : aller à Rome.

C’est une rencontre à caractère et à géométrie variable. Nous ne cheminons pas à la même vitesse. Ainsi le temps de marche côte à côte peut varier de quelques instants à plusieurs heures.

Le lieu d’arrêt peut être variable : les uns s’arrêtent à l’étape prévue, d’autres continuent un peu plus loin, d’autres vont à l’hôtel.

C’est la rencontre de personnes qui ne se sont pas choisies, avec lesquelles on aura peut-être des difficultés de compréhension parce qu’elles ne parlent pas la même langue.

L’autre c’est aussi quelqu’un qui a un passé différent du vôtre.

L’autre, c’est aussi quelqu’un qui a des motivations personnelles différentes des vôtres pour faire son pèlerinage, privilégiant peut-être plus la randonnée au pèlerinage ou l’exploit physique au lent cheminement que vous pratiquez.

L’autre c’est parfois quelqu’un qui n’a pas démarré son chemin au même endroit que vous ou qui utilise d’autres moyens de locomotion.

L’autre c’est aussi quelqu’un qui a un équipement différent du vôtre, portant ses 15 kilos sur le dos alors que vous n’en portez que 8.

L’autre sera peut-être beaucoup plus jeune ou beaucoup plus vieux que vous.

 

Faire un pèlerinage c’est accepter que l’autre soit inévitablement différent de vous. C’est accepter que l’autre ait des motivations différentes des vôtres et que ses motivations personnelles soient aussi valables que les vôtres.

C’est accepter l’autre comme il est et ne pas le juger. C’est accepter l’autre comme un frère avec son histoire, ses richesses et ses faiblesses.

 

 

Prendre le temps de grapiller sur le bord de la route
Prendre le temps de grapiller sur le bord de la route

 

Prendre le temps

 

Les conditions de la vie sociale actuelle sont telles qu’elles entrainent les individus dans une sorte de course permanente. Il faut montrer qu’on est acteur. Alors on fait de l’activisme, on se croit indispensable, on fait même des choses que d’autres feraient cent fois mieux à notre place.

A titre individuel, on se rend progressivement et sans s’en rendre compte, prisonnier, captif, esclave d’une foule de petits détails qui nous polluent la vie.

 

Faire un pèlerinage, c’est faire l’apprentissage du temps. Pour arriver au terme, il faudra un certain temps. Et comme le chemin est semé d’embuches ou d’incertitudes, ce temps n’est pas précis, il est approximatif. Alors, il faut faire des accommodements avec lui. Il faut prendre le temps.

 

Et lorsqu’on a le temps, on peut faire un tas de choses qu’on ne peut pas réaliser habituellement

Prendre le temps de regarder, de voir, d’observer

Prendre le temps d’écouter

Prendre le temps d’admirer

Prendre le temps de rêver

Prendre le temps de penser aux autres

Prendre le temps de prier

 

 

Et ce pèlerinage va-t-il changer durablement notre vie ?

 

Nous voudrions bien donner une liste d’engagements précis, mais hélas ! comme pour tout un chacun, le monde réel va nous rattraper, nous happer.

 

Nous craignons de devoir dire comme Saint Paul :

Je ne sais pas ce que je fais; le bien que je veux, je ne le fais pas; mais le mal que je ne veux pas, je le fais (Rom 7, 15).

 

Avec ces quelques réflexions, nous clôturons ce blog. Notre porte est toujours ouverte pour la discusion, la rencontre, le partage, le plaisir des retrouvailles.

 

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Commentaires: 2
  • #1

    yvette perrichet (samedi, 10 août 2013 18:46)

    quel beau pélerinage, quelle leçon de courage, quand on veut on peut, comme me disait ma grand-mère,;merci pour ce beau voyage par votre blog; amitiés à vous.

  • #2

    Jobin Marc et Ginette (mardi, 13 août 2013 16:23)

    Les larmes nous viennent aux yeux, spontanément. Quel magnifique et émouvant témoignage et quel plaisir de découvrir des gens qui partagent nos valeurs : LA PROVIDENCE, LA TOLERANCE (et le chant choral). Nous renouvelons notre invitation : venez en montagne passer quelques jours chez nous à Morgins, pour prolonger notre conversation du Grand-Saint-Bernard. Nous partons dans les Pouilles (en camping-car, nous n'avons pas votre courage) et serons absents jusqu'au début octobre. Amicalement, Marc et Ginette.