55eme étape Robbio - Mortara 18km Saint-Albin

C'est une courte étape qui nous a conduite de Robbio à Mortara, à travers la campagne, de champs de maïs en champs de riz, dans une campagne plate et vide, si ce n'est une "cascina Mora" par ci, une "cascina Affitiati" par là. Une cascina est une exploitation agricole, ici en Lombardie et en Piémont : un ensemble de bâtiments au carré, fermés, avec un portail d'entrée, sous vidéosurveillance.

Ici, la vidéosurveillance est une obsession. Il y en a partout, partout, même dans les églises. Nous avons dû être filmés sous toutes les coutures.

Tout à l'heure, à l'entrée de Mortara, nous sommes entrés dans l'église de Madonna del Campo, une église partiellement du XIIeme siècle, intégralement en briques, du sol au plafond.

Tout dans cette église invite au calme, à la sérénité, au recueillement. Les peintures murales sont d'une grande richesse. 2 tableaux ont retenu notre attention : celui de la Madonna al Latte, une Vierge qui donne le sein et celui qui commémore la bataille de Mortara, en 773, entre Charlemagne et Desiderio, le roi des Lombards, une bataille où beaucoup de sang coula dans les 2 armées et qui vit la victoire du futur empereur

A Mortara, nous avons visité la Basilique San-Lorenzo. Peints sur la façade, nous avons retrouvé deux des héros de la bataille : Ami et Amile et Sant'Albino

Les deux premiers sont les héros d'une Chanson de Geste du Moyen-Age

Deux paladins de Charlemagne, Ami et Amile (Amico i Amelio) trouvèrent la mort à Mortara. Ceux-ci, toute leur vie, jouèrent de leur profonde amitié et de leur étrange ressemblance, se mettant parfois dans des situations abracadabrantesques mais les déjouant par leur grande habileté.

Juste après leur mort et à la demande du Père Albino, Albino Alcuino, moine et conseiller de Charlemagne, fut fondé un monastère associé à l'église de San Eusebio en souvenir des deux paladins. Un paladin est un chevalier d'élite de la garde personnelle de Charlemagne.

 Les nouveaux moines du monastère, tous d'origine française, dédièrent ce lieu à Saint Albin d'Angers, considéré comme l'un des patrons de la France. Ils continuèrent à apporter aide et assistance aux nombreux pèlerins vers Rome qui transitaient sur la Via Franzisca en provenance de France et de Bretagne.

Dans la longue tradition d'accueil de l'Abbazia di Sant'Albino, nous y sommes hébergés ce soir. C'est très émouvant de se retrouver à 1200km de chez soi et de rencontrer St-Albin, celui-là même qui est né à Languidic, vu d'ici, à deux pas de Plouhinec.

Au refuge de l'abbaye, nous sommes accueillis comme des princes par Franca et Luca son fils. La paroisse de Mortara a fait un équipement de qualité pour les pèlerins.

Luca nous a expliqué les petites nuances des "saints".

Ainsi on dit San Lorenzo, mais ceci est le diminutif de Santo Lorenzo. On pourrait donc dire San Albino mais l'habitude est de dire Sant'Albino. Pourquoi Sant'Albino, avec une apostrophe et non Santo Albino ? Parce que Albino commence par une voyelle. On dit aussi Sant'Anna.

Kenavo, à demain