66eme étape Pontremoli - Aulla 25km Migration vers le sud

En passant par les raccourcis, nous avons réussi à réduire à 24km, une étape donnée par le manuel du parfait pèlerin pour 33 km avec tous ses tours et ses détours. Ceci nous permet d'envisager la suite avec un peu plus de sérénité. Les six dernières étapes que nous venons de réaliser nous donnaient au départ quelques frayeurs, par leur longueur et leurs difficultés.

Avant hier nous avons vu une carte en relief de ce Alto-Apennino (Haut-Apennin). Lorsque nous avons vu tous ces creux et ces bosses qu'ils nous faudrait franchir, nous avons eu des sueurs froides.

Mais nous les avons eus !

Aujourd'hui, depuis Pontremoli jusqu'à Aulla, nous avons marché dans la Lunigiana. C'est la petite région qui borde la rivière Magra depuis la Col de la Cisa, elle est commune à la Toscane et à la Ligurie.

A Pontremoli, dans le lit de la rivière nous remarquons des rochers et des affleurements blancs. Un ouvrier se rendant à son travail nous a expliqué que c'était du marbre.

Sur la route, à Lusuolo, nous avons rencontré une personne d'un certain âge qui nous a expliqué que toute cette région des Apennins s'est vidée de sa population au cours du XXeme siècle vers la France, vers l'Argentine, vers les États-Unis. Des familles entières avec femme, enfants et grands-parents partaient. Nous avons eu connaissance des chiffres de l'évolution de la population au cours du XXe siècle. A Berceto où nous étions le 12 juin, il y avait 9000 habitants en 1911, 9800 en 1921, 7300 en 1931, 3800 en 1971, 2100 en 2011. On pourrait illustrer le phénomène avec les chiffres de Pontremoli ou de Borgo Val di Taro. La population montagnarde des Appenins a quitté massivement le pays. Pauvreté et fascisme avant la guerre, émigration vers les États-Unis après la guerre peuvent expliquer cela.

Ce soir nous sommes à Aulla, accueillis par la paroisse Saint Caprais, San Caprasio. En 2003 on a retrouvé les traces de l'ancienne abbaye construite au IXe siècle, ainsi que la tombe de Saint Caprais. Ce dernier vécut en Provence au Ve siècle. Toujours en quête de solitude, il voyagea beaucoup. Il finit sa vie en ermite avec Saint Honorat sur l'ile de Lérins en Provence. Il mourut en 433. A la fin du IXe siècle, ses reliques furent transférées à Aulla pour être à l'abri des incursions sarrasines.

En 2003, l'Évêque de ce lieu a déclaré Saint Caprais, saint patron des pèlerins qui traversent son diocèse.

Ceci nous amène immédiatement à une clarification, car nous connaissons un élève du lycée Saint Caprais, là-bas près d'Agen, qui doit commençer à se faire des idées sur le saint patron de son lycée.

Eh non, Corentin ! ce n'est pas le même, même s'ils ont vécu à peu près à la même époque. Le Saint Caprais agenais était aussi un ermite, né à Agen. Il fut évêque et martyrisé sous Diocletien en 303 par le proconsul Dacien.

Aulla est un point de passage important, croisement de plusieurs vallées. La montagne vient y mourir. Depuis des siècles, les pèlerins pour Rome passent à Aulla.

Nous continuons à parfaire notre italien.

Ainsi nous avons appris que les chats font Miao et les chiens Bau. Avant hier, Jean-Jacques a appris une petite phrase pour entrer en relation pour avoir une chambre pour dormir.

-Siamo due Pellegrini francese, io e mia moglier.

Le problème, c'est qu'il le dit avec tant de naturel que les personnes en face ne peuvent pas admettre qu'il ne connaisse rien d'autre en italien.

Mais, ça passe quand même, nous n'avons jamais couché sous les ponts.

Kenavo.

Ema bet laret deom e vo esoh an hent arhoah

Au revoir

Il nous a été dit que la route sera plus facile demain.