84eme étape Viterbo - Sutri 31km Les noisetiers

A 6h15, après les adieux à Alberto, nous avons franchi la Porte Romana de Viterbo, puis gagné la Strada Roncione, continué sur un petit chemin taillé dans la roche volcanique. C'est alors que les choses se sont corsées. Des arbres déracinés sur le chemin transformant, sur 10m, le parcours en mikado géant, ont rendu ce court trajet digne d'une épreuve de sélection de fusiliers-marins-commando. Et puis, un ennui n'arrivant jamais seul, le fléchage s'est révélé plus que défectueux. C'est donc à l'estime (au pif) avec l'aide du GPS que nous avons fait les 3/4 du parcours.

La longue descente vers le lago di Vico nous a permis de lever ce qui était une énigme pour nous depuis des années. Nous adorons le chocolat aux noisettes et le nutela. Mais où sont donc produites toutes les noisettes qui entrent dans leur composition ?

Nous avons la réponse depuis aujourd'hui. Nous avons marché 7h durant autour de champs de noisetiers. Nous en avons vu des centaines d'hectares, oui des centaines avec des rangées tous les 5m et des pieds de noisetiers élevés en cepee. Le tout est entretenu parfaitement et clôturé. L'entretien de ces plantations n'a rien à voir avec les oliveraies de Toscane envahies de mauvaises herbes

Nous avons eu la maladresse de partir sans provisions pour manger. Par chance, à midi et demi, toujours au bord du lac de Vico, nous tombons sur un centre Nautique, Touristique et Hôtelier, la Bella Venere, la Belle Vénus. Et là, c'est une jeune italienne, Raïssa, qui nous accueille au bar. C'est une joie pour elle de pouvoir parler français. Elle vante son pays et Sutri sa commune, mieux que ne le ferait une employée de l'Office de Tourisme.

Michel, un ami de Plouhinec, nous avait parlé de son copain de jeunesse, le Père Pierrick Rio, originaire de Kervignac, directeur du Foyer de Charité Marthe Robin de Ronciglione.

Ronciglione étant sur notre route, vers 14h, nous avons sonné à la porte du foyer. C'est Pascale, de la Communauté qui nous a accueillis et qui nous a annoncé que le P Pierrick est en ce moment à Kervignac et qu'il ne rentrera que jeudi.

Nous aurons peut-être une autre occasion de le rencontrer. Nous lançons un message à Michel : la prochaine fois que Pierrick vient te voir, fais-nous signe.

Merci Pascale pour le café, le thé, l'eau fraîche, les petits gâteaux et les glaces et la visite des lieux.

A 17h30, nous avons sonné à la porte du Carmel de Sutri. Et là, c'est un peu la honte qui tombe sur nous, le rouge sur notre front. Voyant nos cartes d'identité et nos credentials sur lesquelles figurent le mot "Diocèse de Vannes", la soeur de l'accueil nous parle de la Bienheureuse Françoise d'Amboise qui fut carmélite à Vannes. Quasiment ignares sur la vie de la Sainte de Vannes, nous n'avons pas pu alimenter la conversation avec elle sur le sujet. Elle parlait en plus un excellent français et avait travaillé antérieurement avec le Père Pierrick à Ronciglione.

Nous sommes un peu comme le commun des mortels, nous avons à gérer nos contradictions. Nous faisons des milliers de kilomètres pour connaître et voir ce qu'il y a au loin alors que nous méconnaissons souvent ce qu'il y a à notre porte.

Nous ne pouvons même pas vous parler de Sutri. La journée a été longue et chaude et fatiguante. En rentrant, les pèlerins que nous sommes pensent surtout à se reposer et à récupérer pour être frais et dispos pour le lendemain. Nous ne parlerons pas de Sutri, la ville Étrusque, des tombes antiques, du Duomo à 7 nefs, de la Torre d'Orlando, le paladin de Charlemagne, de l'amphithéâtre creusé dans le tuf.

Et pourtant Raïssa avait insisté pour que l'on prenne le temps de visiter sa ville.

Rome dans 3 jours.

Kenavo