87eme étape La Storta - Roma 15km Enfin Rome !

Comme il se devait, c'est aux aurores que nous sommes partis. Le soleil était déjà levé, l'horloge marquait les 5 heures et demie et le thermomètre pointait à 19°. Il fallait cela pour une entrée emprunte de dignité dans ce qui fut longtemps le joyau de la culture occidentale.

Alors, nous avons délibérément délaissé les petits chemins à travers champ. On entre dans Rome par la grande porte. Ce fut d'abord l'antique voie Cassia, moultes fois empruntées qui a connu nos premiers kilomètres. Et puis, puisqu'il faut de la grandeur, nous avons choisi la Via Trionfale. C'est celle qui a vu César entrer dans Rome après sa guerre des Gaules, trainant Vercingétorix dans une charette.

Il n'y avait personne pour nous porter en triomphe, mais, c'est avec le drapeau breton bien au vent, bien dressé que nous sommes entrés dans la capitale italienne.

Nous sommes arrivés par le Monte-Gaudi et c'est Agnès, la première qui a vu la coupole de la basilique Saint-Pierre.

Autrefois elle aurait gagné son titre de reine du pèlerinage.

Et nous avons mis le cap sur Saint-Pierre. Nous sommes happés par la foule, le bruit, l'excitation, la bousculade. Pour entrer dans la Basilique, il a fallu laisser nos bâtons-porte-drapeau : ils pourraient être des armes par destination. Mais les bâtons de marche, métalliques, sont tolérés....

Agnès est sommée de couvrir ses épaules nues, les sacs sont déposés à la consigne à bagages. Ça y est, nous pouvons enfin entrer.

Grâce à Julia, notre collègue polyglotte, nous arrivons à la sacristie. Il nous faut encore franchir une porte à droite, puis une autre à gauche, continuer sur un long couloir, traverser une salle, monter deux marches, en descendre trois :

- attendez deux minutes, - suivez-moi, - asseyez-vous ici, - venez maintenant, - asseyez-vous, - remplissez ce papier, - attendez un moment.

Et les "testimonia" nous sont présentés, dument remplis et certifiés par l'autorité vaticane.

Notre guide-papier nous signale qu'il y a une messe des pèlerins à midi :

- oh, non ! Ça fait trois ans qu'elle a été supprimée.

Nous avons assisté malgré tout à la messe de 10h, à l'autel Saint-Joseph. Puis nous avons continué la visite que nous approfondirons mardi, vu la crypte avec la tombe des Papes et celle de Saint-Pierre.

Et il a fallu se séparer. Julia, notre collègue hongroise, avec laquelle nous avons cheminé ces deux derniers jours, nous a laissés car elle doit reprendre le travail lundi à Budapest. A 33 ans, elle parle le hongrois la langue de sa mère, le russe la langue de son père, le serbe et le croate, le français car elle a travaillé 4 ans à Paris, l'italien, l'espagnol, le portugais et l'anglais. Elle est franchement désolée mais elle ne parle pas l'allemand. Elle s'intéresse au breton car elle veut préparer une thèse de doctorat sur les langues minoritaires en Europe. C'est tout naturellement le Ministère des Affaires Étrangères hongrois qui a embauché une telle compétence.

Ce soir nous sommes logés et ce pour deux nuits, à l'accueil des pèlerins à Rome. Nous y avons retrouvé Marie Catherine et Louis, le Hollandais, que nous avions perdus depuis 4-5 jours.

Nous allons rester quelques jours à Rome, assister à l'angélus dimanche midi, visiter le Colisée lundi, le Vatican mardi. Mercredi, nous devrions prendre le train pour Aoste et tenter de combler ce que nous avons vécu comme une frustration, le Col du Gd-St-Bernard.