Trois jours pour le Grand St-Bernard : 2eme jour 12km L'ascension

L'auberge ne servant pas de petit-déjeuner avant 7h30, c'est donc à 8h que nous avons quitté le Petit Velan et Bourg-Saint-Pierre. Nous avons très vite atteint le pied du barrage du Lac des Toules. Mais lorsque nous avons vu les panneaux expliquant le programme de consolidation, nous avons accéléré le pas.

L'ascension s'est faite en douceur avec des hauts et des bas, quelques allers-retours pour défaut de fléchage ou d'attention de notre part car nous nous sommes laissés aller à regarder les marmottes et les petites fleurs et la beauté de la montagne et les torrents bouillonnants et les vaches avec leur cloche.

A l'extrémité du lac des Toules, la pente a commencé à se faire sentir, tout doux.

Et puis, les tâches blanches que nous voyions tout là-haut, sur le flanc Nord de la montagne, se sont rapprochées de nous.

Vers 2000m d'altitude nous avons dû affronter notre premier névé, puis un second plus long, puis un troisième encore plus long. La pente devient plus raide, les névés plus abondants. Mais au loin l'hospice est visible. Il reste 500m de névé à parcourir, altitude 2300m, 3/4h de bonheur. La respiration est plus rapide. Il faut faire des pauses pour laisser le palpitant se calmer, et savourer et savourer... Un dernier effort et Jean-Jacques, en attendant qu'Agnès ait fini son ascension, enlace le panneau : Col du Grand-Saint-Bernard 2473m, avec émotion, très grande émotion.

Nous avons cheminé en cours de journée avec un couple de randonneurs suisses. Comme eux, nous nous étions un peu fourvoyés dans la montagne. Randonneurs aguerris, ils nous ont dit qu'ils avaient toujours le même pincement au coeur en montant ce col mythique. Nous leur avons expliqué les raisons qui nous ont poussés à faire ce morceau de parcours. Nous leur avons même confessé que ce qu'un Corse avait été capable de faire en 1800, à dos de mulet, précédé de 46 000 soldats et de 6 000 paysans suisses réquisitionnés pour l'opération, des Bretons, en 2013, étaient capables de le faire à pied et seuls.

Après lui avoir expliqué notre démarche du jour, le Frère Frédéric de l'hospice du Grand-Saint-Bernard, nous a accueillis. Nous avons pris le temps de visiter le musée de l'hospice, ce lieu qui était déjà connu des Romains qui y venaient en pèlerinage vénérer Jupiter, d'où le nom de Mont-Joux (de Jupiter) donné à ce lieu par la suite.

Depuis 1050, l'hospice a fonctionné tous les jours sans interruption jusqu'à nos jours, ouvert jours et nuits et 365 jours par an.

Nous avons appris comment les Chanoines du Col vivaient la devise laissée par Saint Bernard de Menthon, leur fondateur :

- Hic Christus adoratur et pascitur

- Ici le Christ est adoré et nourri

Nous avons assisté à la messe ce soir, célébrée par les Chanoines. Le chant d'entrée nous a ramené à notre marche du jour.

La montagne ruisselle de partout : des sources, des torrents, des névés qui fondent. Alors ce chant était de circonstance :

- Source qui fait vivre, Dieu d'amour et de pitié

- Fleuve des eaux vives, lave-moi de mon péché.

Et toutes les images de la journée et de notre voyage se sont mélangées dans nos têtes, un feu d'artifice de beaux paysages, de belles fleurs, de rencontres, d'expériences vécues, de moments intenses de bonheur et de communion.

Oui, la montagne est belle et en plus, elle oblige l'homme à s'élever.

Bonne soirée, demain ce sera la descente